Son essence, sa couleur
« Être Danse thérapeute aujourd’hui est le témoin de qui je suis …dans mes forces, mes moments
difficiles, ma sensibilité tantôt « empêchante » tantôt précieuse; Ce besoin vital de croire en l’autre, mais surtout en moi, de vivre qui je suis au-delà des codes, des croyances, de ce qui est « normal » de faire et de dire… C’est une des pièces du puzzle qui vient me réunifier, qui me fait avancer et croire en la magie du monde. C’est le témoin d’un chemin que nous pouvons prendre, à l’écoute de notre coeur, malgré l’ordre établi, malgré les indignations, les jugements, le sentiment d’être seul.e et incompris.e tant on a pris l’habitude de nous fier à toutes validations alentours, à nous fier à ce regard ambivalent, autant aimant que jugeant. La danse thérapie m’a ouvert les portes de mon inconscient et m’a offert le mode d’emploi de mon âme. J’ai appris à me connaître en contactant mes besoins et mes limites, en déconstruisant l’ensemble des mécanismes biaisés devenus obsolètes mais aussi en accédant aux mémoires protégées, enfouies et/ou figées . Seul mon corps en mouvement peut m’offrir cette voie sincère car le corps sait, car le corps ne triche pas, car le corps reprend toujours ses droits. Avec la danse thérapie, j’ai quitté la surface et j’ai rencontré les profondeurs de mon être, gageures de ma liberté et d’une solide sécurité ».
J’ai longtemps recherché, et je continue de chercher, ce qui, à travers le mouvement et ma posture pourrait offrir un apaisement à mon système nerveux. Trouver comment le corps et l’ensemble de ses systèmes peut devenir ressource et non plus refuge ou rejet. Il a ses propres lois et je tente grâce au mouvement et à la recherche en neurosciences de les saisir puis, de les incarner autant que possible. Souvent, le corps me ramène à sa propre temporalité et je ne peux ni le devancer ni accélérer. Cependant, quoiqu’il advienne et quelque soit le degré d’inconfort dans lequel il me maintient, j’ai appris à faire confiance au processus même si ma pensée ne peut encore élaborer et mettre du sens sur ce que je vis.
Aujourd’hui, la danse que je propose s’adresse à toutes les personnes qui sont sur le chemin de l’Être. Elle replace le corps au centre de notre être là et nous invite à une écoute sensible et poétique de tout ce qui se vit en nous à chaque instant, chaque rencontre. Elle parle de moi au présent, au passé, au futur, elle ne juge pas et accueille. Elle m’invite à toujours plus d’indulgence et de douceur pour Toucher et être Touché.
Il a fallu composer avec le temps et accepter les différentes phases nécessaires pour une telle élaboration :
– Identifier les déclencheurs qui me figent ou me révoltent
– Trouver un ensemble d’outils psycho-corporels qui puissent me ramener dans l’ici et maintenant
– Observer et accueillir mes mécanismes de réponses seule et dans la relation
– Transformer mes réponses reptiliennes de fuite, de lutte ou de combat
– Installer durablement ce processus de guérison qui vient et revient sans cesse pour chacune de mes transformations
– Engrammer dans mon corps des réponses émotionnelles, neuronales et corporelles qui se veulent de plus en plus régulées soit :
– Quitter les extrêmes en investissant les espaces de transition.
Avec le temps, j’ai appris à faire confiance à mon corps qui sait explorer parfaitement les profondeurs de mon âme, bien en avant et au-delà de mon mental qui cherche et peut parfois tourner en rond. J’ai rendu à mon corps l’extraordinaire capacité d’autorégulation, dans son besoin de créer plus d’espace pour accueillir le renouveau. Cela est parfois inconfortable et douloureux car l’émotion peut être envahissante et, plus difficile encore, incompréhensible. Je suis devenue «accro» à ces états de corps qui nous permettent d’accéder à plus grand que nous en nous ouvrant les portes de notre inconscient. Le processus de création nous permet une élaboration jusque là inaccessible qui nous maintenait dans un cycle répétitif et enfermant.
Les intentions
Les objectifs de cette approche psycho corporelle sont de viser une intégration sensorimotrice pour ouvrir à une meilleure connaissance de soi, ce qui à terme, favorise l’intégration de nos perceptions, de nos sensations, de nos images et de nos émotions. Le corps est telle une porte sur l’ensemble de nos mémoires et la mise en mouvement sera révélatrice de nos stratégies de compensations.
– Comment affiner l’écoute de mon corps et l’inscrire dans sa propre temporalité?
– Comment le mouvement, dans la rencontre avec l’autre, me permet de clarifier l’ensemble de mes besoins et de mes limites?
– Quelles sont mes ressources internes pour m’installer dans ma sécurité de base, retrouver mon axe?
– Comment ne pas compromettre ce qui se vit dans mon dedans, mon intériorité et trouver les chemins pour l’exprimer dans mon dehors?
– Comment apaiser ces va et vient? Comment m’éveiller à la nécessité des transitions?
– Comment trouver ma place au sein du groupe? Sans compromis, sans masques ni projections et ainsi m’ouvrir à ses richesses?
– Comment me vivre à travers le regard de l’autre?
J’aime comment ces espaces de libre expression viennent déconstruire l’ensemble de nos croyances en replaçant le corps au centre. Nous quittons notre mental, celui là même que nous savons si bien nourrir, et nous descendons dans notre Temple, celui là même qui ne demande qu’à être nourri. Nos émotions peuvent (enfin) se vivre, se ressentir, être acceptées et transformées.
Systèmes et schèmes
J’accorde une attention particulière aux chaînes musculaires qui sont un travail passionnant autour des postures, révélatrices des réponses motrices fréquemment utilisées et qui peuvent être équilibrées en sollicitant les chaînes musculaires associées. Leur lecture devient un merveilleux instrument de notre mouvance et de nos changements, c’est la parole de notre corps par excellence.
Comment mon histoire a-t-elle pu s’inscrire aussi précisément en moi ? Comment mon propre corps a-t-il pu prendre la forme de mon histoire ?
Grace à l’appropriation de nos différents systèmes, nous pouvons affiner la conscience de notre corps et œuvrer à une meilleure (ré)appropriation corporelle. Ainsi, les os me renverront à la sécurité de ma charpente osseuse et mes articulations ouvriront à l’ensemble de mes directions; les muscles, avec leur modulation tonique, seront révélateurs (entre autre) de nos supports reçus ou non pendant l’enfance, de notre capacité à nous détendre, d’observer quand je me tends… Et enfin notre peau, dans sa dimension relationnelle avec le Moi Peau d’Anzieu, sera garante de nos limites entre mon dedans et mon dehors. Par ce biais, j’aime penser qu’en me centrant sur le corps, nous évitons des envolées énergétiques et que seul ce qui est prêt à être mis en conscience, libéré et/ou transmuté, le sera. Associés aux schèmes moteurs de mouvements, c’est toute l’histoire de notre verticalité que nous retraversons.
Médiations artistiques : Du vécu corporel à la symbolisation
J’utilise également de nombreux outils de symbolisation (dessin, écriture, argile…) qui permettent d’intégrer les différents vécus corporels et dont la sublimation renforce l’élaboration de la pensée. Ils sont un support au mouvement ou deviennent intégration de celui ci.
Choralité et individuation : La dynamique du groupe
Le groupe est un lieu privilégié de traitements des différents espaces. Il met en lumière les écarts entre le réel et l’imaginaire, entre illusion et perception, entre ce qui à trait à l’interne et à l’externe. Explorer en groupe a des effets d’amplification de notre vécu interne mais aussi de miroitage, c’est à dire d’une possible mise à distance émotionnelle. Il y a des problématiques individuelles qui s’inscrivent dans le groupe et peuvent en émerger des émotions et des histoires communes. Tantôt en résonance, tantôt lieu de projection, le groupe peut être un merveilleux contenant et un point d’ancrage pour chacun. Il y a une réelle dyadique entre l’individu et le groupe, où l’un influence l’autre de manière incessante. Comment préserver ma singularité et comment faire groupe ? C’est ici que nous pouvons expérimenter les accordages relationnels et œuvrer à une meilleure régulation de notre être au monde.
Le va et vient permanent entre le « je » (processus d’individuation) et le « nous » (choralité) alimente l’ensemble de mes séances où la personne est constamment confrontée à négocier entre ses besoins et ceux du groupe. « Les accordages relationnels » sont incessants et viennent questionner le rapport à leurs propres limites, le respect/connaissance de leurs besoins, l’éclairage sur les réponses automatiques « reptiliennes » entre affrontement, fuite et sidération mais questionnent aussi leur positionnement au regard du triangle de Karpman et de leurs figures d’attachement. Souvent, en psychiatrie, la peur du groupe est nommée. L’entité « groupe » apparaît comme menaçant et prive la personne de son élan vital, le flux des liens entre les personnes est désorganisé, car c’est aussi un espace de reviviscences où les anxiétés de séparation et de fusions peuvent se rejouer. Retrouver de la sécurité dans cet espace groupal en créant un sentiment d’appartenance redonne foi au besoin de soutien, d’être vu, considéré, accepté. La dynamique groupale semble fondamentale et indispensable dans le processus thérapeutique et la danse thérapie, par la mise en jeu, en rythme et en mouvement est un outil précieux.
« Le corps en mouvement sera un puissant allié pour intégrer et enrayer les blessures du lien. Nous pourrons, à terme, engrammer de nouvelles réponses motrices qui viendront étayer la personne en devenir, sur son chemin de guérison. »
Mes influences et entrées dans la danse
Ma rencontre avec la danse a d’abord été « primitive » avec la découverte de la danse afro-contemporaine. Je continue d’utiliser ses bienfaits grâce au mouvement répétitif et rythmé aux couleurs « Terre » de nos racines. Les cercles nous ancrent dans du collectif, la pulsation organique nous remet en mouvement.
Parallèlement, j’ai eu la chance de rencontrer la danse Butoh qui m’a très vite offert son univers sensible et poétique qui m’est si cher. Cette danse du « Non » est venue mettre le sens que je recherchais pour un geste juste. L’exploration approfondie de mes différents systèmes osseux, peau, organes et musculaires m’a permis de plonger en sécurité dans ce monde où le ressenti prime sur la forme. J’utilise également des outils de la danse contemporaine que je continue de pratiquer sans oublier mes dernières expériences en Body Mind Centuring et danse contact improvisation qui m’invitent à déconstruire et envisager le mouvement sous un autre angle. Nous parlons le même langage mais nous le faisons vivre différemment, c’est passionnant.
A travers le mouvement libre, le vôtre, je vous invite à vous rencontrer et à vous (re)définir en vous partageant les outils qui m’ont été bénéfiques pour me (re)construire. Les fondamentaux de la danse thérapie restent mon fil rouge et j’aime leur donner une autre saveur en les confrontant à d’autres univers.