Danse thérapie et évènements traumatiques

Une fin supplémentaire.

Une négociation de nos plus belles séparations…

Celles où l’autre s’envol, ferme une porte et en ouvre une autre; Ferme des portes et en ouvre plusieurs.

Un pansement parfois, une renaissance au mieux.

Une fin pour ce 6° groupe de personnes victimes de violences et/ou en état de stress post traumatique (ESPT). Le 6° déjà, avec chacun sa couleur, ses besoins, une singularité au cœur de multiples singularités.

L’importance d’un début et d’une fin, gageure de nos guérisons.

Durant 9 semaines, l’hôpital de jour d’Amade et de Benesse Marenne permettent un accompagnement spécifique pour ces hommes et ces femmes.

Des temps de parole et des échanges avec des psychiatres, psychologues et infirmières psy ont lieu une fois par semaine afin d’optimiser une psychoéducation autour des conséquences des évènements traumatiques. L’originalité ici, et à ma plus grande joie, est de croiser ces interactions enrichissantes avec une pratique hebdomadaire de danse thérapie. De nos approches complémentaires naissent des mots qui font sens parce qu’ils se vivent. Le corps nous donne une direction, l’expérience corporelle participe au processus de guérison car tout s’intègre en faisant fi de nos croyances et certitudes.

Ce sont des bulles privilégiées où sont questionnés l’ensemble de nos mécanismes conscients et inconscients, ceux qui se font jour lorsque notre mental s’apaise un tant soit peu. Nos réponses motrices en mouvement ouvrent à une autre conscience sur notre posture; Celle que nous adoptons dans la rencontre mais aussi celle qui prend place dans la solitude.

Chaque vendredi, nous faisons connaissance avec notre corps, nous apprenons les outils qui viennent mobiliser notre énergie vitale et nous tentons de briser les barrières de l’enfermement; Par le mouvement, nous pouvons apprivoiser nos blessures du lien en leur donnant une autre forme, nous nous (ré)approprions un corps que nous ne voulons plus, responsable de la plupart de nos souffrances. Nous comprenons enfin nos fonctionnements de fuite, de lutte et de sidération lorsque nous sommes réactivés dans nos souvenirs envahissants. Nous apprenons à vivre de joie et de profondeur, et que l’un ne va pas nécessairement sans l’autre. Ces vendredis sont un sas privilégié pour apaiser notre hypervigilance, la mettre en veille et lui offrir son besoin de repos. Et même si nous ne pouvons effacer ce qui est advenu, nous pouvons donner les clés d’une plus grande sécurité.

Par ici, je souhaite avant tout leur rendre hommage en témoignant de la force et du courage dont ils font preuve. 9 semaines de plongeon intime au fond de soi et avec soi, à accueillir les reviviscences et tenter d’accepter les rouages de notre mémoire traumatique à l’œuvre. Chercher, questionner, s’effondrer, renoncer, avancer, regoûter, retrouver, ressentir, se (re)connaitre, rencontrer, nommer et décider…Un bouillonnement vital, d’abord inconfortable jusqu’à ce qu’il soit enfin jouissif.

« Je peux être qui je suis même dans la peur… de toi, de moi, du nous »… »je peux être qui je suis malgré toute cette colère… qui n’est qu’une rage de vivre, une protection… celle qui m’a sauvée »…. »je peux être qui je suis sans me sentir jugé(e) ni incompris(e) »… « je peux être qui je suis et danser tout ce dégout qui me traverse et m’emprisonne »… »je peux être qui je suis avec toutes mes failles, dans mon insondable vulnérabilité »… » je peux être qui je suis dans toute mon ambivalence, ma froideur et ma honte »… »je peux être qui je suis comme je suis, là, à cet instant, et m’offrir l’espoir que cela sera au delà, en dehors, dehors. » Et tout cela sera, reconnu et accepté en tant que tel, à notre échelle… pleinement humaine.

Dans une exploration centrée sur l’estime de soi ou notre sécurité intérieure, j’aime utiliser l’argile comme compagnon de route.

Un pas de côté, une sublimation, un processus intégratif.

Il y a dans ces avant/après une lueur, une promesse:

Celle du mouvement retrouvé.