Je rêve d’une chaîne humaine, d’un dépassement de frontière, d’une propagation infinie…une danse silencieuse
Banksy off course…
Ceci est une invitation, une proposition, un doux rêve de (ré)union. Une danse silencieuse, sans cri ni colère, une danse qui dit la puissance de l’amour sur la peur. Unissons nos pas, relions nos corps depuis là où nous sommes et offrons un geste pour la terre, un autre pour le ciel et un autre pour le coeur.
Pas besoin de savoir danser, juste de nous relier, nous reconnaitre grâce au code couleur rouge de l’amour et de la joie. Gardons nos distances, oui. Restons sur place, oui. Et laissons tourner cette ritournelle, cet enchaînement de 3 gestes en boucle. Chacun le sien, chacun son rythme, et ce, pendant 2 minutes.
Je rêve d’une chaîne humaine, d’un dépassement de frontière, d’une propagation infinie…
Peu importe la ville, le lieu, créons des ponts et nourrissons cette intention de reliance, de liberté et de mouvements.
Le déroulé: Porter un vêtement/accessoire de couleur rouge. 3 gestes qui s’enchaînent en boucle, un pour la Terre, un pour le Ciel, un autre pour le Coeur.
De coeurs à coeurs et d’âmes à âmes, depuis ici, Biarritz, Magesq, Bruxelles, Libourne…Merci infini, immense et intense pour toutes vos vidéos de reliance, vos multiples messages qui manifestent votre présence à ce très beau mouvement
Rdv tous les samedis à 12h sur le pont Marengo à Bayonne. Multiplions les chaînes et continuons de nous relier pour célébrer l’Amour.
Ami.e.s musicien.ne.s bienvenu.e.s pour accompagner chacun de nos pas : un pour la Terre, un pour le Ciel, un pour le Coeur. Prenons soin de nous, unissons nos pas, dansons
Je suis heureuse de vous offrir le récit d’une expérience en danse thérapie dans ce qu’elle révèle et libère. Merci à D. pour ce besoin de sublimer son atelier à travers ses mots et d’accepter de nous les partager.Quand les mécanismes d’individuation et de choralité se font échos, reconnaitre leurs inconforts et œuvrer pour les équilibrer semble nous promettre plus de liberté d’être.
Jeudi 15 Octobre 2020 (Atelier de danse thérapie le Dimanche 11 Octobre)
J’ai dansé seule et entourée…
J’ai dansé les saisons, l’automne, l’hiver, le printemps, l’été… j’ai traversé le temps, circulé en mouvement au travers des cycles qui ne s’arrêtaient plus d’avancer… désorientée, déterminée, détériorée, désespérée, démenée, dépossédée, défendue, détendue, démembrée, déçue, dévitalisée, démesurée, détachée, défiée, délurée, dégagée, délivrée…
Quand j’ai retraversé l’automne, en dansant seule, j’étais intérieurement ébouriffée par les rafales de vent qui m’étourdissaient. Tout se passait comme si chaque bourrasque s’attaquait l’une l’autre, me secouant sans même me prêter attention, sans même avoir conscience de ma présence. Les yeux fermés, j’ai eu la sensation d’être un arbre. J’ai vu l’image de cet Etre aux branches brusquement dénudées, remuées de gifles débarquant des quatre points cardinaux, dont les racines s’emmêlaient tellement on le secouait de ça et là. Je n’avais pas l’impression d’avoir le temps de me poser pour savoir où j’étais, qui j’étais, comme si la météo environnante décidait de mon sort.
Une traversée surprenante qui a été chassé par l’arrivée de l’hiver, sans que j’ai eu le temps de digérer l’effet de cette tempête sur moi. Cette nouvelle saison s’est déposée sur moi comme un manteau lourd, freinant subitement mes mouvements, m’obligeant à me recourber pour porter et supporter ce poids. Tout s’est passé comme si mon élan avait été subitement stoppé. Chaque membre de mon corps s’est tendu et recroquevillé, apeuré et étouffé par un inconnu pesant et imposant. J’ai eu besoin de faire appel à ma force, sentir mes muscles, durcir mes membres, alourdir mes mouvements. Je me sentais en lutte.
Je ne sais pas si j’ai croisé une transition avec le printemps je n’ai en tout cas moi-même pas réussi à en créer une, je l’ai juste senti arriver. Je l’ai entendu arriver même, de son pas sautillant, comme un petit moineau qui s’approche en chantant. J’ai adoré comprendre que j’étais au printemps. J’ai soufflé, comme soulagée, j’ai senti mon corps sourire et s’ouvrir. Des images colorées se sont invitées à moi pour mon plus grand plaisir. J’ai eu l’impression d’être une graine qui germe et s’accroît, une plante qui s’allonge vers le soleil, abondamment nourrie et ressourcée. J’ai eu l’impression d’être un oiseau qui déploie ses ailes, qui s’allège dans le vent et prend place dans le ciel. J’ai ressenti une joie immense, une liberté de mouvement, une souplesse émotionnelle, une tolérance rassurante. Je sais que j’ai gardé les yeux fermés pour apprécier la douceur et le parfum de l’instant, et je me souviens aussi les avoir ouverts pour contempler l’environnement vivant. J’ai vécu cette saison intensément, stimulée de petits et grands bonheurs nourrissants. J’y serais restée, j’aurais voulu arrêter le temps quelques instants, laisser s’infuser toute cette saison un peu plus que les autres…
J’ai senti le rythme s’accélérer en moi, la chaleur de mon corps m’a exigé de ralentir, faisant place à l’été. Une saison pleine de pauses, dans laquelle j’ai eu besoin de me reposer, en m’adossant sur le sol, comme on s’étalerait sur le sable fin face au soleil. Je ne saurais pas quoi en dire de plus, je ne l’ai pas vu passer, comme des vacances trop vites passées…
Et l’automne a pointé le bout de son nez, me dérangeant clairement dans ma lancée, me rappelant désagréablement le fonctionnement cyclique de la vie, ses hauts et ses bas. Je me souviens m’être dit en dansant qu’au début de l’automne se niche mon anniversaire. Je n’ai pas pris le temps de le traverser, le temps m’a manqué, cette idée s’est comme échappée, j’ai dû avancer. J’aurais voulu m’y arrêter, me célébrer, me faire naître ou renaître. Ce sera peut-être pour une autre fois, le vent souffle, et m’étourdit à nouveau… C’est l’automne, puis l’hiver …
J’ai dansé seule, avec les autres…
Lorsque la posture de repli fut instinctivement choisie par chaque membre de mon corps, j’ai compris que l’exercice prenait sens en moi. Des souvenirs corporels connus ont rejailli, un étouffement que j’aurais bien laissé aux oubliettes et des tensions douloureuses dont je me serais passée. J’ai senti le groupe sauvagement s’approcher et m’entourer, fidèle à la consigne. J’aurais voulu que cette situation m’enlace, j’aurais voulu sentir une détente grâce à la chaleur de leurs corps ou un soutien collectif ressourçant. Ce fut autrement. Je fus prise d’une panique étrange, l’événement m’a paru menaçant. Etriquée dans mon corps, étouffée sans espace, j’ai eu peur de ce que je pourrais ressentir, mais le contexte et l’environnement humain m’assuraient une confiance à laquelle je me suis mentalement rattachée.
Pourtant, la situation n’a cessé de s’empirer. Quand une autre danseuse a saisi la suite de l’exercice qui consistait à indiquer les endroits physiques à libérer dans mon corps, j’ai cru que ce serait un bon moment. En amont, à l’annonce de cette danse, j’étais ravie d’imaginer de pouvoir être guidée vers une liberté retrouvée, vers des mouvements souples, soyeux, doux. C’est d’ailleurs accompagné de ce vœux et de cet espoir que j’ai accepté de me plonger réellement dans un état de tension. Pourtant, ses gestes m’ont semblé envahissants, comme si j’étais plongée dans une dictature de mouvements imposés. Son insistance à tapoter ou orienter mon corps me dérangeait et ses agacements verbaux murmurés m’insultaient. Elle déposait lourdement son bras comme on étranglerait quelqu’un qui ose bouger quand on lui ordonne de rester immobile. Elle répétait tempestivement ses points d’appuis, comme une personne acharnée qui ne lâcherait pas le morceau. Je me sentais dépossédée de mes mouvements, je ne savais plus comment faire pour reprendre le contrôle de mon propre corps.
J’ai essayé de respirer, de souffler, pour me raisonner, pour me convaincre que ce n’était pas elle, mais la situation qui s’apparaissait comme prohibante. Des souvenirs d’oppressions insupportables me sont apparus. Comme si le cerveau prenait le relais, essayant d’analyser puis faisant rapidement corréler la situation avec des rencontres historiques vécues et subies dans le passé, et encore trop présente. Ses tapotis ont eu le mérite d’être bénéfiques pour restimuler mon corps, et m’obliger à quitter ses pensées douloureuses.
J’ai réussi à accepter que j’avais le droit de refuser. Alors je l’ai exprimé avec mon corps, ou j’ai cru l’exprimer au travers de mon corps. J’ai gardé mes bras resserrés, j’ai balancé mon corps comme pour dire non, j’ai étendu mon corps pour l’éloigner. J’ai même choisi d’autres mouvements faussement amples, pour simuler une liberté retrouvée, croyant que si je lui prouvais ma liberté, elle me quitterait. En vain, ce que je faisais ne semblait pas lui convenir, elle insistait pour que j’exécute son souhait. Et pour me libérer d’elle, ou de la situation, mon corps s’est tût, j’ai lâché, j’ai arrêté de lutter. Mais je me suis sentie comme morte au fond de moi. Mon corps a agi comme un automate qui s’anime au gré des points stimulés par ses mains anonymes. J’ai détesté ressentir que cet autre avait pris mon être entre ses mains, j’étais déçue de moi, alors même que je croyais avoir réussi à accepter et exprimer mon désaccord. Sa présence était dérangeante, menaçante, insupportable. Comment a-t-elle pu ne pas entendre l’écho de mon corps révolté ? Comment a-t-elle pu observer mon corps avec si peu d’empathie à ce moment-là? Pourquoi a-t-elle pu s’autoriser à commenter et juger mes mouvements si intimes ? Pourquoi ai-je accepté de laisser cette situation s’installer ?
J’ai choisi de m’effacer, comme si je m’éliminais temporairement pour supporter ce dialogue de sourd, et faire taire ce qu’elle représentait à ce moment-là. J’ai ressenti une colère profonde, je rêvais qu’elle me lâche, j’aurais voulu hurler pour qu’elle fasse un bon en arrière. J’ai ressenti une solitude intense et une insupportable déception vis à vis de moi-même. J’avais choisi une posture enfermante pour retrouver la sensation agréable de liberté déployée, mais j’ai été confrontée à une situation oppressante qui m’a fait m’écraser. Je me suis sentie devenir une ombre, son ombre. A moins que ce soit l’ombre de moi-même. J’étais pourtant arrivée avec un état d’esprit estival, joyeusement ensoleillée, profondément parée d’un sourire lumineux, solide et forte. N’ai-je pas accepté de me tenir solidement face à l’autre pour ne pas dévoiler au grand jour certaines blessures que je porte dans mon corps ? Ne me suis-je pas caché à moi-même, dans l’obscurité de mes yeux fermés, les cicatrices enfermées dans mon cœur ?
Une fois fini, j’ai fait mine d’être encore présente, pourtant une partie de moi n’était plus là… je suis restée quelques temps entre ombre et lumière, ne sachant pas vraiment quoi faire de ces sensations, avec l’impression d’avoir perdu une partie de moi… et je l’ai retrouvé, avec joie et plaisir, et je me suis retrouvée, avec foi et désir, dans une danse avec moi-même.
J’ai dansé avec moi-même…
Je n’ai jamais su ressentir réellement si mon âme aspirait au monde extérieur ou si elle était contente d’être à l’abri dans mon fort intérieur.
Certes, j’aime être en lien, croiser des regards entre deux mouvements contraires, frôler des mains entre deux rythmes cassés, me laisser surprendre par l’énergie attirante d’une autre danseuse engagée et motivée. J’apprécie physiquement danser au contact de l’autre, mais je ne suis pas sûre d’être émotionnellement toujours prête à m’adonner à ces rapprochements. Cela me donne parfois l’impression de devoir m’abandonner pour accepter de rejoindre l’autre. Laisser ou quitter une partie de moi pour rejoindre l’autre. J’aimerais tant voir se coïncider moi et l’autre, être pleinement moi, avec l’autre, ne pas avoir à choisir ou jongler entre moi et l’autre. J’ai l’impression pourtant d’avoir enfin accepté mon droit de refus et même pris plaisir à comprendre que mon besoin était parfois autre. Par contre, je réalise à quel point il m’est difficile de l’exprimer, et quand bien même j’y arrive, le message ne passe pas comme je l’aurais souhaité.
J’ai l’impression de retrouver une grande liberté lorsque je ferme les yeux en dansant, comme si la lumière tamisée me permettait d’être. Face à l’Autre, je me vois être, je me vois faire, et le reflet de ce miroir me trouble encore. Son regard ne me dérange plus, c’est plutôt le mien reflété dans le sien. Alors je le brise en fermant encore quelques fois les yeux. Et je choisis encore bien souvent de regarder d’abord en moi, pour moi, d’être avec moi-même, pour moi-même… dans l’intention de voir un jour ce Moi exister pleinement près de l’Autre.
Je crois que j’ai encore besoin de prolonger la phase d’égoïsme positif dans cet espace où la danse me permet de me retrouver face à moi-même, ou plutôt en tête à tête avec moi-même. J’aime me nicher dans les profondeurs d’un souvenir, laisser infuser dans le corps, ressentir ces émotions passées me retraverser, et choisir de les accueillir ou de les chasser. J’aime me blottir dans les recoins de mon corps, si souvent maltraité dans le passé, aller chercher et vérifier mes limites, et retrouver les sensations de plaisir, de responsabilité. J’aime être actrice de mes mouvements, émotions et sensations. J’aime ressentir la plénitude que me procure certaines danses que je m’octroie. J’aime ces espaces et temps qui me permettent d’exister et de prendre plaisir à exister.
J’espère que votre été a pu ressembler à qui vous voulez être et que vous n’avez cessé de nourrir les espaces et relations qui vous honorent.
Me revoilà devant un écran après cette coupure nécessaire, dans cette disposition à vous communiquer les dates à venir.Pour autant, mon intention pour cette nouvelle lune est de rester à l’écoute de mon rythme et celui ci me somme de continuer à recevoir et accueillir ce nouvel état, celui qui ne sait rien, celui qui prend le temps de se projeter , celui qui a confiance en ce qui doit être même si ce n’est pas encore manifesté.Il m’a fallu de nombreuses semaines avant de pouvoir me libérer de toutes ces peaux qui me façonnent; il y en a que j’ai pu reconnaître et il y en a d’autres qui, malgré toute ma vigilance, m’étaient inconnues et ne semblaient pas m’appartenir. Il a tout de même fallu m’en défaire avant de pouvoir regoûter à un instantané de vie, libre et sauvage que j’affectionne tant. Aujourd’hui, je sens qu’il me faudra tout autant de semaines pour retrouver mes peaux d’antan et je mets le doigt sur un besoin essentiel: Me respecter dans ce que je suis maintenant. Ainsi, je ne veux pas renier ces parts là de moi qui me sont vitales et je m’emploie quotidiennement à inscrire dans ma réalité toute cette intériorité. Il n’y a plus de réelles dissonances mais une quête riche pour habiter les espaces de transition entre vie sociale et professionnelle, familiale et réalisation du soi.Comment tout concilier et éviter les ruptures? Comment trouver ce flux continue du Soi authentique et ne plus le compromettre?
Cette année, un décalage se crée avec ce qui est communément attendu à la rentrée et la mienne qui ne peut avoir lieu ce mois ci; La maturation, la digestion, les transmutations sont longues et j’ai besoin de leur faire de la place et entendre les murmures de mon âme. Il y a aussi mes nouveaux engagements en clinique psy qui ont besoin de toute mon attention et, tout comme lorsque je suis avec vous, appellent une présence que je souhaite être de qualité, pleine, entière, vrai.
Vous trouverez sur le site toutes les informations pour les ateliers mensuels qui reprennent le 10/10/20 avec une nouvelle formule, propice à la découverte et aussi à la recherche de profondeur pour celles et ceux qui le souhaitent; les accompagnements individuels perdurent; le stretching et son travail de conscience corporelle reprennent également début octobre à la MVC de St Etienne de Bayonne; Enfin, le module de formation avec Benoit Lesage sur les chaînes musculaires a lieu du 22 au 27 septembre à Mendionde.
Joséphine est confinée chez elle comme tous les français.
Joséphine, elle, est confinée chez elle depuis quelques mois. Elle trouve parfois la force d’en sortir mais mettre son bout de nez dehors est une épreuve. Joséphine a 30 ans. Elle se cherche une place dans ce bout du monde qui l’effraie. Oui, le monde tel qu’il est actuellement, est terrifiant pour Joséphine. Il y a du monde, beaucoup de bruit (pour rien se demande t-elle souvent), beaucoup de lumière, beaucoup de beaucoup et son petit corps y réagit fortement. Elle se sent souvent agressée, elle pense ne pas avoir les codes de cette frénésie qu’on lui somme d’appeler « Norme ». Elle est spectatrice impuissante de trop d’incohérences. Joséphine s’en veut et Joséphine cherche, tout le temps. Elle tente de rallier le wagon de « ces gens là (pour qui ) cela n’est point hideux »; elle ne cesse de questionner ses goûts, ses visions, cette façon particulière qu’elle a d’appréhender la vie. Joséphine fait des efforts mais elle ne s’y retrouve pas. Jamais. Joséphine sent ce terrible décalage, tout son corps en tremble et l’empêche de se construire une vie sociale. Elle aimerait pouvoir sortir elle aussi, fréquenter ces endroits de lumière et de bruit, assister à un concert, enchaîner sur un ptit dej’ avec mami, retrouver ses enfants au parc avant de partir en week end avec son mari où ils recevront 4 couples et pourront refaire le monde tout du long où ils joueront au tennis, courront, tout en étant si parfaits avec leurs enfants …Oui, c’est ça. Joséphine aimerait « enchaîner ». Elle adorerait être de celles et ceux qui savent tout faire et tout enchaîner sans jamais s’arrêter, sans avoir besoin de le faire, sans se poser de questions, jamais!. Alors elle se compose une vie pour que ce décalage qu’elle ressent si fort puisse s’atténuer et être moins handicapant. Elle constate avec effroi cette façon qu’elle a de tout prendre dès qu’elle rentre dans une pièce; elle suffoque des émotions des autres et ne parvient plus à saisir les siennes. Joséphine se perd, Joséphine s’oublie, Joséphine s’efface. Elle décide de se couper du monde avant d’avoir compris qu’elle s’était coupée d’elle même. Joséphine accepte ses phobies.
Le temps lui offre peu à peu la compréhension de son être. En s’effaçant du monde, Joséphine fait un plongeon au cœur d’elle même et commence le chemin bienheureux d’une mise à jour sur qui elle est en découvrant ses véritables besoins. Elle apprend à être autonome et à ne plus subir le poids du regard extérieur sur ses décisions qui interpellent; elle écoute les messages de son corps qui lui disent quand ralentir et comment nourrir ces espaces de rien qui deviennent si précieux et indispensables à son équilibre. Quand tout s’agite autour d’elle, elle trouve à présent la force de ralentir quitte à ne plus sortir dehors et à passer pour une « sauvage ». Elle s’offre de nombreuses retraites, elle aime s’extraire et créer. Joséphine n’a plus peur de passer du temps seule, entourée de ses fantômes. Elle aime lire, écrire, danser et dessiner. Elle aime le silence et les battements de son cœur. Elle aime sentir quand elle a faim et pouvoir vivre à l’écoute de son cœur et de son ventre. Elle aime prendre le temps de cuisiner avec des bons produits, ceux qui remplissent son âme. Elle aime marcher dans la nature et contempler ses enfants s’ennuyer. Joséphine aime tant de rien. Elle apprend alors à se faire une sorte de mallette de secours pour ces moments de repli qu’elle affectionne. Pourtant, il y a toujours cette voix qui lui murmure son décalage, qu’elle devrait faire ci ou ça et ne « pas trop s’éloigner du sol ».
Aujourd’hui Joséphine est confinée…
comme tous les français…
mais aujourd’hui, Joséphine ne se sent pas en décalage et elle a tous les codes.
Une pensée particulière à toutes celles et ceux qui souffrent de phobie sociale ou qui ont fait le choix de chemins différents…
Je suis heureuse de vous partager un texte écrit par une des danseuses des ateliers mensuels en danse thérapie et expression de soi:
» Samedi qui arrive, on va chez Clémentine!!…ce n’est pas avec, mais chez ; car Clémentine nous invite ! à accueillir, tous ensemble, et inclus soi-même dans le groupe, les corps en état de langage ….
Quelque soit ce corps, cet esprit, cette âme …..timides, en souffrance, en cours d’épanouissement, en joie..et/ou avec ses singularités apparentes, marquées…qui engendrent communément la mise à l’écart, la non-altérité…
Alors, cette personne singulière, communément nommée « Handicapée » est c/o (care off = sous les bons soins de) Clémentine , un élément du groupe -qui s’exprime – manifeste – en résonance – en vibration – communique sans éprouver la hiérarchisation de sa valeur –
et donc se nourrit de cette richesse, dans la construction de son être à part entière, et l’affranchissement d’une discrimination ambiante…dans un mouvement commun et partagé.. d’expansion du groupe, et de chacun…Merci…
Il est indispensable pour notre fonctionnement sociétal et collectif de converser avec « l’Autre » quel qu’il soit!
Que la grâce, la joie, le gout de danser ne restent pas cantonnés au milieu dit « spécialisé », mais soient accueillis dans toutes leur richesse et leur créativité.
Dans la nature, la « Conformité » n’existe pas !! »
Je ne sais pas très bien à quoi cela tient un danseur. Pourquoi ni comment quelque chose en soi résiste au-delà de tout, au-delà des soucis d’argent, de la solitude, du sentiment d’incompréhension et d’inutilité qui parfois submerge, de la vanité de toute cette énergie consacrée à témoigner d’une certaine vision du monde, d’une exigence ou plutôt d’une soif qui exige en soi. Je ne sais pas. Je sais seulement que je ne peux faire autrement, parce que autrement pour moi, c’est mourir. Or, j’ai choisi la vie.
Je comprends si bien comment par lassitude ou épuisement, les uns après les autres abandonnent et se replient vers l’ordre de la mort. Je connais cet harassement et ce dégoût de la répétition qui vient sans cesse interroger la qualité de notre exigence et de notre dignité d’homme. Et pourtant, ce sont ces intimes fatigues qui vous conduisent progressivement vers la nudité nécessaire à partir de laquelle le vivant peut nous habiter.
Humblement, il m’arrive de perdre courage. Cependant la danse me redresse et me tient. C’est l’unique façon que j’ai de ne pas complètement échouer à tenir cette promesse qu’est la vie, témoignant ainsi de cet absolu à notre portée qui est celui non pas seulement d’être heureux, mais vivant.
Vous parlez comme quelqu’un qui a survécu à un traumatisme et vit uniquement pour témoigner m’a dit un jour un médecin.
Je témoigne de cet absolu, n’en finissant pas de survivre à ce traumatisme qu’est le monde. L’absence de sécurité intérieure où j’ai perpétuellement vécu, m’a « contrainte » à tisser cet incroyable espace spirituel qu’est la danse, où je peux m’en libérer .
Elle m’a permis de me construire sur mes propres ruines dont chaque fragment m’appartient. Je suis entrée dans le plaisir intense d’accéder à ma propre vérité. Je sais désormais à quel point la vérité rend heureux et que chercher la sienne c’est aussi dévoiler celle des autres.
Danser seul me donne la légitimité d’être.
Je n’en ai aucune autre.
Cette part inaltérable en moi, personne ne peut la posséder, y compris moi même, elle m’ouvre un accès continuel à la connaissance qui est, à mes yeux, un autre nom de l’amour »
Lorette Nobercourt (ici, le verbe « danser » vient remplacer le sien qui est « écrire »)
Je viens de tomber sur cette citation de Nelson Mandela. Mon premier réflexe est de soupirer un « haaa oui…ben oui! ha bon!? ». Je passe à autre chose entre bougies et Bach et m’allonge avec cette tension dans le corps que je connais si bien. « Mais!?! »… »Oui d’accord »… « Mais…heu !?! »
Grosso modo je vois bien le processus global qui est protecteur en soi et qui cherche à nous préserver; Je rigole même jaunement de toutes ces fois où je suis retournée vers celui ou celle qui m’a mise à terre; Et pour être honnête, il y en a même qui s’emploient à revenir pour nous mettre à terre dès qu’ils sentent que nous nous sentons mieux! C’est inconscient off course! mais c’est là et c’est pas jouissif du tout!.Mais….et oui, mais.
Le « mais » vient de ce que je permets. Alors ok Nelson, là n’est pas le sujet! et je suis tout a fait d’accord. Mais n’est ce pas un sujet intéressant?!
Bref.
Ce que je souhaiterais partager avec toi mon cher Nelson, c’est cette notion de Pardon. Je la maîtrise probablement très mal puisque,encore aujourd’hui, je me bats les patouilles entre pardon et acceptation et que parfois, cela me prends beaucoup de temps à clarifier ce qui revient à l’un ou à l’autre.
Toujours est-il, vois tu, que je garde cet espoir que nous pouvons tous changer. J’ai probablement mis des gens à terre comme tu dis, mais jamais cela n’a été voulu ou préméditer ou que sais je encore! Ça a été. Entre inconscience, inconsistance, ignorance, croyance…j’ai crée cette douleur malgré moi. Pourtant, avec le temps, je suis heureuse d’être pardonnée et acceptée avec mes failles….je suis donc gratifiante que certaines personnes me pardonnent. Ainsi, lorsqu’une personne qui « m’a mise à terre » revient avec un Pardon véritable*, je trouve dommage de ne pas ouvrir la porte et de renforcer cette croyance, tellement figée. Permettre à l’autre de se dire. Se permettre une interprétation erronée…et ainsi libérer de l’espace dans nos corps, tenter d’alimenter ce qu’il y a de vivant et aimant en nous plutôt que nous enfermer dans nos certitudes.
C’est un processus merveilleux qui permet de comprendre nos blessures, ce qui a été touché mais c’est aussi un indicateur prometteur de nos limites à connaître et apprendre ainsi à mieux nous écouter et nous préserver à l’avenir pour éviter une décision catégorique. Un tremplin efficace pour plus de discernement.
Alors oui. C’est très questionnant, bien évidemment, et je n’ai pas les réponses, mais tout ce qui est radical me rend fébrile et je crois que tout se mesure et s’apprécie selon nos particularités et notre histoire. Ainsi, même si la colère est parfois constructive, Stp, Nelson, ne mettons pas de côté cette grandeur d’âme qui est de savoir se faire pardonner, se pardonner à soi même et de pardonner en retour.
*pardon véritable: oui, le « véritable » semble appartenir à tout un chacun…je crois que nous le sentons dans le corps, il y a un mouvement, une véracité qui ne nous trompe pas. C’est ce moment précieux où les mots respirent le plein, l’authenticité, le plus jamais ça…
On a parfois ce sentiment que tout se fige et nous observons toutes nos résistances à l’œuvre. Les transitions sont inconfortables mais quels tremplins magnifiques pour une vie plus alignée à qui nous sommes. Apprenons à les aimer, elles sont le gardien de notre âme; elles nous permettent d’affiner l’écoute des messages envoyés par notre corps et ainsi de l’honorer, un peu plus, chaque jour.
J’aime cette vague de la transformation qui vient nous murmurer la puissance de l’Impermanence. Merci 🧡
« J’entends le thème du jour et tout s’effondre en moi même. Je suis en veille et m’engage dans les exercices proposés. Je ressens fortement ma stabilité et cette résonance entre mon occiput et mon coccyx. Chacune de mes vertèbres y réagit fortement et je découvre ma propre fiabilité. J’accepte aussi cette découverte de l’espace et tous ces déplacements en groupe sont comme pour mieux éprouver le déploiement de mes ailes lorsque l’espace s’ouvre. Entre espace proche, très, trop proche, j’apprécie ma liberté retrouvée lorsque les gens s’éloignent.
Le groupe me révèle d’abord dans mes inconforts ; il sait être un excellent indicateur de mes carapaces, de mes doutes, de mes peurs. Il me rappelle mes propres empêchements, mon auto-sabotage. J’observe l’ensemble des questions qui me traversent et qui savent si bien m’envahir. Je vois combien elles gagnent du terrain et je leur donne malgré moi du crédit. Avec cela, le mouvement est difficile. Je suis dans la retenue, la crainte et le contrôle. Je tente en vain de répondre à toutes ces questions inutiles et irrationnelles tout en essayant la danse. Ça flotte, c’est hésitant, mes appuis sont instables et je ne vais pas au bout de mes gestes. Je me sens en alerte et dans le même temps peu présente à ce qui est.
Le groupe a cette influence sur moi. J’essaie de le suivre, de coller mes formes à l’ensemble et ainsi de ne pas trop me différencier. Je cherche une harmonie et observe comment mon corps peut se satisfaire de ce compromis.
Mais très vite, telle une vague inattendue, la magie du groupe prend le dessus. Elle me nettoie instantanément de toutes mes peurs et me transporte dans cet inconnu, ce que je ne saurais imaginer. C’est une sorte d’égrégore, un tsunami de bienveillance, une averse d’amour qui me prend. Je m’en remets à elle. Je décide de faire confiance au groupe , je décide de me faire confiance et de laisser être ce qui doit être. Nous co-créons instantanément dans l’ici et le maintenant ; Chaque geste, chaque respiration, à un impact fort sur cette création d’ensemble, pourtant, les réponses corporelles offertes ne sont qu’improvisation. Mon corps s’ajuste à cet endroit de la salle ou à ce contact et donne à voir un mouvement qui m’échappe. Je sais à cet instant que si j’avais dansé pour moi je n’aurais pas utilisé cette partie là de mon corps. Les influences extérieures sollicitent des parties de moi en résistance et je suis étonnée, et agréablement surprise, de ma capacité à saisir le flux et à m’y abandonner, confiante. Sereine. Incroyable nourriture. Ce plongeon dans le moment présent est une respiration. Un cadeau délicieux.
Je prends la mesure de la notion de lâcher prise et m’abandonne complètement. Je m’en remets à cette force, tout devient création, nos corps à l’unisson écrivent ce merveilleux poème de l’instant.
Je me fais la promesse de rejouer dehors ce qu’il s’est joué ici et de me laisser porter par le flux qui se présente, en confiance car tout est juste.
Je voyage allègrement entre la bienveillance et le partage de nos joies, et j’accède dès que je le décide, à mes propres trésors qui ne demandent qu’à briller. Je prends ma place, je me positionne, je me permets d’être ; j’accède à ma propre beauté dénuée de toutes ses peurs. Je peux être moi et me mouvoir, là. …sans savoir où le chemin me mène mais convaincue que je peux le suivre. Je peux crier, je peux me dire, je peux laisser mon corps reprendre ses droits et remplir l’espace, avec et sans les autres. Oui. Je me fais cette promesse. Ce qu’il s’est joué ici je me l’autoriserais à l’extérieur. Je somme mon corps et mon âme de garder en mémoire cette révélation. »
Mesdames, Messieurs ces 2 ateliers étaient de toute beauté. Encore. Faire l’expérience de sa propre richesse et de celle du groupe était un vrai cadeau, pour vous et pour moi-même . Ces ateliers de libre expression et de permission d’être sont des sas incommensurable de bonheur et de joie immense. Continuons de créer. Continuons de nous dire avec le corps et continuons de nous en remettre à ce qui doit être. Dansons librement et infiniment car, toujours, la magie saura opérer.
Je vous partage un texte écrit par une des danseuses de l’atelier danse-thérapie de l’hôpital de jour d’Amade. Tel un exutoire, il est venu compléter les différentes symbolisations offertes par la danse et le dessin. Merci à toi.
« Ta maison
Passant par les 206 os qui composent ta maison, chacun d’eux a une fonction, véhicule tes émotions. Chaque côtes a porté tes douleurs, tes rancœurs, ta tristesse, ta haine, ta colère, ta peine, tes doutes, ta joie, ton amour, l’incertitude vers cette colonne qui est ton crayon et ton sacrum, ta mine. Appuyé sur tes rotules, tibias, tes malléoles en extension, tes orteils jouant du violon, ton humérus, cubitus, carpe, pouce, phalanges battant la mesure, tu as posé. Posé dans la douleur, sans tout comprendre. Ne t’inquiètes pas, ton bassin, ce berceau de la vie, te mènera vers le bon chemin. Prends soin de ton centre. Je remercie cette habitation de résister à toutes les tempêtes. NAMASTE OSCAR »